Chronique d’un serveur en période de Mondial
Tanière préférée des supporters pour regarder les matchs pendant le mondial, les bars se retrouvent bonder dès qu’un match est lancé. Seuls ou entre amis les supporters viennent s’abreuver et profiter de l’ambiance. Mais la boisson tant entendue n’arrive bien sur jamais toute seule, derrière chaque pinte descendue se cache un serveur.
Cahors. Un mardi de juin. La journée commence comme toutes les autres journées estivales. En cette période de Mondial, c’est une foule cosmopolite qui se retrouve Au Bureau, bar très prisé de la ville. Un beau soleil ce jour-là vient ravir clients et employés. Les habitués et piliers de bar sont présents à leurs heures habituelles, toujours la même commande, souvent la même place. Mais bientôt tout va changer. Dans quelques minutes, le match va commencer. De nombreux supporters s’empressent d’ores et déjà pour réserver leurs sièges et leurs tables, quelques minutes avant le match. Armand, serveur Au Bureau à Cahors, commence à les connaître. « Parfois, entre fils d’immigrés, on se tire la bourre » traduction : on se taquine en supportant notre équipe. Toujours dans une bonne ambiance. Lui a de la famille en Espagne, alors quand le match Espagne / Portugal a eu lieu, les meilleures blagues ont été de sortie. Il sert une bière à des clients, portugais. Une erreur de la part du Portugal. « Ah, tiens, les Portugais ont vraiment les pieds carrés. ».

Cahors est le chef-lieu du Lot dans le sud de la France. Une ville qui a accueillit de nombreux immigrés au début du siècle. Fils de Portugais, d’Espagnol, de Polonais.. Presque tous les habitants ont des origines ici. À l’heure du Mondial, en plus d’être derrière la France, ils supportent aussi l’équipe de leur cœur, celle « de leur racine ». Et quand les beaux jours arrivent, la ville se retrouve sous un flot de touristes incroyables. Belges, Anglais, Hollandais, viennent profiter du sud de la France. L’authentique, le vrai. C’est donc tout un vivier de langues et de pays différents qui se retrouvent pour regarder le Mondial, presque autant que dans les gradins russes. C’est cette variété qui se retrouve dans le même bar pour cette coupe du Monde qui fait la particularité de cette ville.
Si on a souvent décrit les jours de match comme des moments de cohues et parfois d’altercations dans les bars, ici il n’en est rien. Quelle que soit son origine, l’amour du foot et l’envie de passer un bon moment passe avant tout. Pourtant, Armand n’est pas le plus grand fan de foot, mais à cette occasion, il aime bien se mêler aux gens. Et quand c’est la France qui joue, les supporters ne font plus qu’un dans le bar. Ces jours-là, d’ailleurs, tous les serveurs portent un maillot aux couleurs du mondial.

Bien évidemment, les jours de match, il y a plus de travail pour les serveurs. Plus de monde donc plus de commandes et s’y retrouver dans un bar où chaque mètre carré est pris n’est pas une mince affaire. Mais cette recrudescence de monde n’est pas un fardeau pour les serveurs du Bureau « En fonction du match, les mentalités changent, c’est sympa. La dernière fois, on avait des Belges qui sont venus avec des drapeaux, ils ont chanté, on a bien rigolé.»

Chacun se permet ses remarques, et les blagues fusent entre serveurs et clients. Lors du match Espagne contre le Maroc, Armand a eu l’occasion de rencontrer une Marocaine, venue regarder le match dans le bar. En la servant, ils commencent à discuter « Non mais de toute façon, on sait bien que le Maroc, il ne gagne jamais. » Quelques minutes plus tard, le but des Marocains qui égalise le match. Le serveur et la cliente se jettent un coup d’œil. Armand l’air pantois, et elle un regard moqueur. L’ambiance reste bon enfant. Jusqu’au 15 juillet prochain, finale de la Coupe du Monde, la vie du bar sera rythmée par le foot.
Axelle Palma