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Il y a t-il une manière « noble » de regarder le foot ?

Dans un bar avec des potes, en solo chez soi, en tribune… Il y a mille façons de regarder le foot. En fonction des saisons et des états d’esprits, les avis divergent.

 

- Bar : « Le meilleur match de ma vie, je l’ai vécu dans un bar de la banlieue parisienne »

 

Si les supporters étaient des loups, les bars seraient leurs tanières. Au coin de la rue, sur la place du village, encastrés entre deux grattes ciels : tous les bars se ressemblent en période de coupe du monde. Ils résonnent des mêmes chants, des mêmes cris, des mêmes rires, des mêmes sanglots. Parfois la rage se mêle aux fracas des pintes qui s’entrechoquent, et la primauté de l’être humain se fait valoir à coup de grognements sauvages, d’insultes, ou de réjouissances. En pleine coupe du monde, le bar du coin devient le carrefour du peuple où les supporters de tous bords se rassemblent et unissent leurs voix. Pour Benoit Dezeraud, étudiant en économie à La Sorbonne, il n’y a pas meilleur endroit pour regarder le foot : « Le meilleur match de ma vie, je l’ai vécu dans un bar de la banlieue parisienne qui s’appelle le Home Sweet Home » L’étudiant se rappelle d’un match de ligue des champions contre Barcelone : « J’ai crié « Barcelone, bande de bâtards » et tout le bar s’est marré raconte t-il, la voix émue. Ce fut mon moment de gloire. J’ai reçu l’approbation générale de toute une communauté. » 

 

L’alcool n’est bien sûr pas étranger à cet état de grâce, et Benoit le reconnaît :  « Avec le recul, tout le monde a rigolé car nous étions tous un peu éméchés. Ce fut juste drôle sur l’instant. » Au bout de la quatrième pinte, la conscience des choses s’estompe peu à peu. La défaite devient plus douce, ou plus cruelle en fonction des capacités d’encaissement de chacun. C’est cette poésie de l’instant, cette douceur de vivre, qui séduit Adrien Chamart chaque soir de match. Cet étudiant en audit n’hésite pas à pousser l’analyse un peu plus loin : « Il y a même une notion de romantisme qui rentre en compte développe t-il. Pour moi c’est un moment poétique. Il n’est pas juste question de potes qui se réunissent autour d’un verre, mais d’une véritable communion entre des gens d’horizons différents, car on ne reste pas qu’entre nous ». 

 

- Télé ou ordi chez soi : « loin des gens qui nous gueulent dans les oreilles »

 

Le manque de confort peut néanmoins rendre certains supporters réticents à pénétrer dans les méandres d’un pub mal famé : « Le pire quand t’es dans un bar, c’est lorsque tu n’as pas d’endroit pour poser ta bière. Tu gardes le verre froid dans ta main pendant 90 min. C’est horrible. » témoigne Nicolas Mistral. Pour ce jeune pro de 24 ans, rien ne vaut un appart, une télé, un bon canap, quelques potes et quelques bières : « On a tous les bons côtés du bar à moindre prix, sans les gens qui nous gueulent dans les oreilles ». Cette nuisance sonore peut être parasite pour les « puristes », c’est à dire ceux qui voient dans le football, un art qu’il faut respecter. Adrien Peter, étudiant en communication de 23 ans, est de ceux-là, et pour lui, le lieu de visionnage n’est pas primordial, car c’est dans le « for intérieur » que réside la passion  : « La seule manière noble et respectable de regarder un match c'est avec l'œil d'un réel amateur et connaisseur de football ». 

 

Le jeune passionné reconnaît toutefois que si il aime les ambiances échaudées des fins de match au comptoir du quartier, il préfère nettement le calme et le confort de son canapé : « Rien de pire que de regarder un match dans un bar entouré de gens qui n'y connaissent rien. C’est souvent eux qui gueulent les plus forts en plus. » La liesse laisse alors place à la gêne : « je me souviens notamment d’un « allez Cavani » lancé lors d’un match où il ne jouait pas, par une personne dont je tairai l’âge et le sexe par bienséance. Elle avait calmé tout le monde. J’en garde encore un souvenir glaçant quatre ans après » déclare t-il.

 

- Kebab : « dès que tu as fini ton sandwich tu commences à te faire chier »

 

Face à tous ces inconvénients, le restaurant grec du coin offre une alternative crédible : confort, calme, économique, nourrissant… Qui n’a jamais savouré les délices d’une coupe du monde attablé devant son salade-tomate-oignon sauce algérienne ? Pour Adrien Chamart, le poète des troquets, c’est une solution envisageable en cas de fermeture de bar, mais pas totalement plaisante : « c’est agréable au début, mais dès que tu as fini ton sandwich tu commences à te faire chier, et puis tu as mal au ventre du kebab que tu viens de t’enfiler. » A cela s’ajoute une télé muette la plupart du temps, donc une certaine incapacité à rentrer dans la magie du sport. Entre confort et ambiance, il faut parfois choisir.

 

- Tribune : « Il faut être un lynx »

 

Les supporters les plus aguerris ignorent ce dilemme pour se diriger vers les arènes modernes : les stades de foot. En payant un certain prix, ces spectateurs-acteurs (dans la mesure où ils font partie du spectacle, mais cela ne concerne pas les supporters monégasques bien sûr) pénètrent le Colisée contemporain pour voir s’affronter des gladiateurs armés de crampons. En temps de mondial, c’est relativement facile (en excluant le prix faramineux) au vue de la clémence du climat estival (même en Russie). Mais dès que l’hiver arrive, les plus fiers d’entre eux baissent les armes, et rentrent leurs piteuses banderoles. A cette embuche climatique s’ajoute le peu de confort visuel d’un match en tribune « Il n’y a pas les ralentis. Il faut être un lynx » témoigne Benoit Dezeraud. 

 

Pour Vincent Lauvray, supporter rennais, la noblesse des tribunes se trouve surtout dans le soutien indéfectible du public pour son équipe, peu importe le résultat : « Je respecte énormément les supporters des équipes de troisième zone du mondial. Je suis supporter Rennais donc je sais ce que c’est que d’aller voir une équipe qui ne gagne jamais. » Mais comme dit le dicton, l’espoir fait vivre !

François-Joseph Ambroselli

Filet Mignon 2018 

10-12 rue Lyautey 

IEJ Paris 75016

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